Voyage au Japon sans prise de tête thé
Folio SF
Lors d’une belle journée ensoleillée, Miyamoto Musashi s’invite poliment chez le seigneur de guerre Nakamura Ito. Lors de cette délicieuse visite, s’affranchissant de tout semblant de politesse nippone, il met au défi 9 des archers de son hôte de le toucher lors d’un tir simultané.
Son maniement du sabre est tel, qu’il dévie l’ensemble des traits, espantant* l’ensemble des participants. Ainsi, malgré l’attitude des plus cavalière qui aurait du coûter sa tête à cet insolent rônin, ce sont celles des maladroits archers qui finissent au bout d’une pique. Notre maître du sabre achève la soirée en galante compagnie et repart le lendemain avec Midéki Nakamura, le fils du seigneur de guerre comme apprenti et élève.
J’attire l’attention des âmes romantiques qui rêvent d’un Japon médiéval aux couleurs pastels, à l’odeur subtile des fleurs de cerisier ou encore à l’élégance des douces et colorées Geisha. La voie du Sabre risque de vous décoiffer sévèrement, de secouer vos aprioris tel un Troll vous donnant une tape amicale…
Un Japon médiéval qui fera pleurer la lectrice de shojo
Douceur, subtilité, équanimité, quiétude sont des termes à oublier concernant ce texte de Thomas Day. Changez votre processeur interne, et pensez plutôt en terme de tripes, de lymphe, d’arabesques sanguinolentes, ou de farandole de membres tranchés, le tout assaisonné de l’épice salé de sexe.
Est-ce grotesque ou vulgaire pour autant?
Et bien non! Car cette vision du Japon sonne juste, et participe ainsi à composer une image plus adéquate avec la réalité. Tel le ying et le yang, l’Empire du Soleil levant possède cette douceur, subtilité et grâce tout autant que cette violence, brutalité et grossièreté. La villageoise à la cuisse légère existe tout autant que la geisha raffinée.
Le personnage choisit par Thomas Day pour nous conter ce récit vitaminé, illustre parfaitement la volonté de l’auteur de ne pas sombrer dans une vision édulcorée. Non seulement Miyamoto Musashi a réellement existé (1584-1645), mais il était autant un bretteur d’exception, maître dans l’éviscération de ses adversaires qu’un philosophe et peintre hors du commun.

peint par MM
Aussi, ne vous étonnez pas d’assister à des combats sanglants et parfois de jouir d’un moment de tranquillité lors de la taille et de l’entretien d’un bonzaï.
La Voie du Sabre n’est pas un roman historique, il s’agit bien de fantasy. L’Empereur du Japon en ce XVII° siècle est un dragon, tout comme sa fille que le jeune Midéki rêve d’épouser (pour gagner en pouvoir et puissance). C’est la consommation régulière d’encre de Shô qui transforme cette lignée tout humaine à l’origine, en reptile gigantesque et résistant, même aux années. Cette substance attise la convoitise, provoque des frictions et bon nombre de querelles (réglée à la sauce japonaise). Ce détail aura son importance dans le récit proposé.
Un histoire d’apprentissage et d »échec
Si jamais vous êtes assez sages ainsi que nés au millénaire précédent, vous connaissez sans doute le film Karaté kid, où le vénérable Senseï enseigne à son jeune padawan apprenti les rudiments et bases de cet art martial qu’est le karaté. Porter des seaux, passer un chiffon, faire la poussière, et recommencer. Le gamin ne comprend pas la finalité de telles répétitions, et se demande si ce n’était pas un sot au lieu d’un sage qui lui fait trimballer des seaux… Les tâches assignées étaient pour lui d’une inanité avérée, jusqu’à ce que notre vieux bonhomme lui ouvre les yeux, et lui transmette enfin un peu de sagesse.
Dans La voie du Sabre, les ingrédients de Thomas Day sont similaires. Miyamoto Musashi ne donne pas d’emblée des cours de maniement de sabre à son élève. La première leçon est plutôt « rude », marrante et pertinente (une histoire de chaussures – 😉 ) et nous pouvons la résumer à cette maxime célèbre : ne te laisse pas prendre pour un lapin de six semaines.
Ensuite, il le confie pendant plusieurs mois à une école de cuisine, à la pagode des plaisirs (oui, nous parlons des plaisirs charnels, et il y a des passages un peu coquins), puis à un jardin. Systématiquement, notre jeune adolescent doit commencer tout en bas de l’échelle qu’il doit gravir à la seule force de son mérite. Ces périodes sont encadrées d’un séjour dans un village de pêcheurs (qui fournit l’occasion à une belle bataille), et un règlement de compte avec un magicien ( qui fournit…).
Alors que le jeune homme peine à saisir le but de cette méthode et les attentes de Miyamoto Musashi , son maître, le lecteur se rend compte du décalage qui s’opère entre l’un et l’autre. Midéki a un but, épouser la fille-dragon, La Voie du Sabre n’est qu’un moyen d’y parvenir, tandis que Miyamoto Musashi ne cesse de lui monter que c’est avant tout une philosophie de vie.
Le maître parviendra-t-il à faire renter du plomb dans la tête de Midéki (au sens propre ou figuré) ? Là, est toute la question et il vous appartient de le découvrir (et le plus rapidement possible, s’il vous plaît).
Un roman qui mêle action et fond
L’ambiance de La Voie du Sabre ne joue pas sur les moments suspendus, le cérémonial du thé empreint de tant de solennité, l’odeur de l’encens ou tout autre cliché de zénitude. Les sensations proposées à la lecture seront nettement plus corsées, vibrantes et même scintillantes dans une nuance souvent rouge carmin. L’action sans être omniprésente y est prépondérante, et le lecteur attentif aux courts battements de la plume de Thomas Day déchiffrera les messages que le Maître cherche à faire passer à son élève, sur un art de vivre et un lâcher prise plus propice à l’harmonie personnelle que la quête du toujours plus.
Roman jouissif par bien des aspects, La Voie du Sabre de Thomas Day offre une lecture pleine de vitamines et d’hémoglobine. Il met en scène un rônin qui tente d’enseigner un principe de vie à un jeune adolescent. Ouvrez-vos oreilles.
PS : La Voie du Sabre existe aussi en BD.
Ce livre est pour vous si :
- vous savourez les romans sur le Japon
- vous souhaitez un livre qui s’affranchit des clichés
- vous adorez les dragons sous toutes les formes (maki, sushi, yakatori,…)
je vous le déconseille si :
- Vous êtes prude
- Vous tournez de l’œil à la vue du sang
- De toutes façons, les sabres c’est surfait!
Autres critiques :
Boudicca – Au pays des cave-trolls – Elhyandra – Ombrebones – Apophis –
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Challenge :
S4F3

il y a des fleurs de cerisier
Cadeau : les neuf principes de Musashi
Quand à leur utilisation dans la vie quotidienne, …..
- Éviter toutes pensées perverses.
- Se forger dans la Voie en pratiquant soi-même.
- Embrasser tous les arts et non se borner à un seul.
- Connaître la Voie de chaque métier, et non se borner à celui que l’on exerce soi-même.
- Savoir distinguer les avantages et les inconvénients de chaque chose.
- En toute choses, s’habituer au jugement intuitif.
- Connaître d’instinct ce que l’on ne voit pas.
- Prêter attention au moindre détail.
- Ne rien faire d’inutile.
[…] critiques : Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Lutin82 (Albédo – Univers imaginaires) ; Philémont (La Bibliothèque de […]
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J’en garde un très bon souvenir (et la BD est vraiment magnifique !) Contente de voir que nous avons encore une fois le même ressenti 🙂
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Je viens de lire ton avis à l’instant. Que nous ayons le même ressenti une nouvelle fois, ne m’étonne pas. Je sais que c’est régulièrement le cas.
Tes critiques se sont étoffées depuis 2014! LOL 😉
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Oui ^^ Au début c’était juste sur Babelio et je n’osais pas trop faire long ^^
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Oui, mais au début nous sommes tous moins prolixe! 😉
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Ah ben le niveau d’écriture de tes critiques, lui, ne faiblit pas, c’est toujours aussi stratosphérique, bravo ! Sinon, d’accord avec toi sur ce roman (lu pré-blog), que j’avais franchement apprécié. Il faut dire que j’ai une grosse affinité pour les plumes explicites et nerveuses dans ce genre là.
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Ah! merci mon cher Apo! ces louanges sont géniales! Je suis heureuse si tu as retrouvé le parfum de ta lecture.
ce n’est pas le premier roman de T Day que je lis, et j’apprécie également ces plumes directes, nerveuses et parfois crues. Je l’ai lu en 2 jours.
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J’ai beaucoup aimé ce roman, vraiment excellent et bien écrit. Belle chronique, très bien illustrée.
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Je suis allée sur ton blog et ton article te dire combien tu m’avais rendu la tâche difficile avec ta critique car je ne voulais pas répété, alors que je pense et je vois le roman comme toi. Alors j’ai juste essayé de compléter. Et merci pour cette super envie provoquée.
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Je suis contente alors, ça me fait plaisir que tu aies autant aimé 😉
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oui, comme tu peux le constater, ce fut un carton plein.
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Ce ne sera pas encore avec ce roman que je m’affronterai à l’écriture de Thomas Day. A part quelques nouvelles lues dans Bifrost, c’est un auteur méconnu pour moi, ses univers semblent assez éloignés des miens. Je vais plutôt me retaper Karaté Kid !
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Le film est sympa, je l’ai vu plusieurs fois. Tu n’as pas essayé Dragon dans la collection HL ?
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Non, l’histoire ne me tentait guère
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OK, je comprends, et c’est assez noir comme ambiance.
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J’adore Thomas Day (genre vraiment) et son style hyper nerveux, et les arabesques sanglantes à souhait ! Je pense que c’est le prochain roman de lui que je lirai.
En roman qui se déroule au Japon, il a aussi écrit « La Maison aux Fenêtres de Papier », qui est plutôt sympathique aussi.
En tout cas, c’est toujours intéressant de lire des chroniques qui parlent de romans sanglants quand on soi-même de finir un film sanglant (Planet Terror) ! 🙂
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Question douche carmin, tu seras servi, il ya quelques bons passages, et dignes des films japonnais.
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J’ai adoré Dragon er celui la me tente beaucoup vu ton avis, je vais essayer de le caler quelque part dans mon programme. Merci !
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Vas-y, cela convient à ton tempérament de lecteur. Et MM ressemble à un gros ours…
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Tu me donnes super envie de lire ce livre ! Je le note 😊
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alors, j’en suis heureuse, car j’ai trouvé le roman agréable et sortant des sentiers battus nippons.
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J’ai ce livre dans ma PAL depuis un moment maintenant (avant ma grosse panne de lecture de la fin des années 2000).
C’est sympa de voir des avis sur de vieux livres sortir comme ça, ça redonne envie de les lire alors qu’ils étaient un peu tombés dans l’oublie du fond de la bibliothèque 😛
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J’aime bien pioché aussi dans des textes qui ne sont pas si récents.
Alors, j’espère que je t’ai incité à le sortir du fin fond de ta pal. Pour toi, en un jour, c’est plié! 😉
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Miyamoto Musashi est un personnage assez fascinant !! J’en ai souvent entendu parler, mais je n’ai toujours pas lu ce roman…
Des dragons en sushi, hahaha !
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Je ne le connaissais qu’avec le manga Vagabond. C’est un roman qui peut te plaire. 🙂
les dragons en sushi accompagné d’un riz vinaigré.. MIAM!
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Tu me donnes faim !!
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Alors, bon appétit. C’est parfait pour un loup carnivore!
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Ca a l’air intéressant… j’avais été rebutée par Daemone du même auteur, mais je lui redonnerai une chance…
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Les textes de Thomas Day sont assez nerveux et souvent crus. On aime ou pas.
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« 1. Eviter toutes pensées perverses »… Mal barré^^
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et tu oublies ce qui n’est pas mince :
9.Ne rien faire d’inutile.
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ah oui, oups ^^
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nous sommes tous mal barrés! LOL
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Du coup, peut-on poster un commentaire ici sans aller à l’encontre de la Voie du Sabre ? =P
Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire celui-ci, alors que Thomas Day quoi. D’ailleurs, préférant habituellement éviter les textes à base de sanguinolence et plaisirs charnels, je crois que je ne serais pas si motivé à le lire si ce n’était pour l’écriture de Thomas Day. ^^
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je ne sais pas Vérifions que tu remplis les principes de la voie.
1- ok
2- évidemment il te faut lire pour te forger ta propre opinion
3-Faut se diversifier, donc Go!
4-OK
5-OK
6- écoute ton ressenti à la lecture
7- ben là c’est difficile à moins de trouver un livre audio, il faudra utiliser tes yeux
8- concentration!!!!
9-lire La voie du Sabre n’a rien d’inutile
Conclusion, FONCE!
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Écriture nerveuse ? Du sang ? Du sexe ? De la BAGARRE ??? Mais qu’attendons-nous ? Il me le faut en fait, ça à l’air d’être ma came cette histoire. Sus au dragon ! Ahem… fin voilà, il me le faut en fait ^^ Merci pour ce retour de lecture 🙂
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[…] Un critique qui a le goût du miel… […]
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La tape amicale d’un Troll c’est le coup du lapin assuré non ? ^^
J’adore cette chronique *-*
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Oui, exactement! Et après tu fais la carpe… 🙂
Merci, je me suis bien amusée à l’écrire.
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Je viens de finir Dragon de Thomas Day. C’est dur mais qu’est-ce que c’est bien! Je pense lire d’autres romans de cet auteur talentueux! Pourquoi pas celui-là?
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Merci pour ces neuf principes de Musashi, j’adore !!!
Et merci aussi pour les promesses énoncées : un Japon épicé, des sabres bien tranchants et virevoltants, des dragons multi-facettes, et des scènes corsées de rouge sanglant… Ahhh, quel bonheur qu’il soit déjà dans ma PAL 🙂
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S’il est déjà dans ta PAL, une farandole niponne t’attend avec impatience. Tu vas te régaler!
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J’avais bien aimé les 2 que j’ai déjà lu de l’auteur, je me verrai bien continuer avec celui-là (ou l’equarisseur).
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J’ai bien aimé l’équarissuer, même si c’est surprenant.
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Lu il y a longtemps, j’avais eu du mal à accrocher, mais j’ai du mal avec les écrits de Thomas Day en général… ce qui ne m’empêche de persévérer de temps en temps ceci dit ^^
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Ah! il y a des auteurs qui nous conviennent mieux que d’autres.
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[…] La voie du sabre de T. Day […]
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[…] La Voie de Sabre de Thomas Day […]
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[…] La Voie du Sabre de Thomas Day […]
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[…] : La voie du sabrede Thomas […]
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[…] ce monument de fantasy nippone écrit par un auteur français. Alors merci au Troll et au Lutin de participer si activement à la construction de ma culture […]
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[…] D’autres avis chez : Ombrebones, Lutin, Celindanae. […]
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[…] sur ce roman, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de Célinedanaë, de Lutin, d’Ombre Bones, d’Elhyandra, de Boudicca, […]
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