La nuit des Effigies
Nominée au World Fantasy Award 2014
La nouvelle est tirée du recueil : Conversation of Shadows.
They are connoisseurs of writing in Imulai Mokarengen, the city whose name means inkblot of the gods.
The city lies at the galaxy’s dust-stranded edge, enfolding a moon that used to be a world, or a world that used to be a moon; no one is certain anymore. In the mornings its skies are radiant with clouds like the plumage of a bird ever-rising, and in the evenings the stars scatter light across skies stitched and unstitched by the comings and goings of fire-winged starships. Its walls are made of metal the color of undyed silk, and its streets bloom with aleatory lights, small solemn symphonies, the occasional duel.
L’histoire
Imulai Mokarengen est une cité lune-état sous le coup d’une occupation surprise et pressante. C’est le Général Jaian of the Burning Orb (de l’Ordre brulante) qui – à la tête de ses vaisseaux spatiaux – prend le contrôle total de ce bijou de la connaissance, sanctuaire des arts. Il ne faut pas s’y tromper, cette femme, sous un dehors accessible et un port élégant, est impitoyable, égocentrique et intelligente.
Les gardiens de la cité-lune proposent de lui offrir des choses inestimables et uniques dans la galaxie, mais Jaian refuse : elle souhaite dominer l’âme de cette civilisation. C’est justement son esprit de répartie et son arrogance qui vont conduire à une issue insoupçonnée. L’un de ces conservateurs, a une idée lumineuse… se servir des soldats que lui offrent les diverses formes des arts. Pour ce faire, ils en appellent à Seran, un chirurgien-prêtre de l’ Order of the Chalice.
L’art au firmament
Cette nouvelle n’appartient pas à l’univers de Ninefox Gambit, contrairement à celle chroniquée plus tôt sur le blog, The Battle Candle Arc, mon souhait étant d’explorer et de vous inviter à le faire la créativité de l’auteur d’origine coréenne. Toutefois, vous allez découvrir au fil des épisodes consacrés que Yoon Ha Lee utilise souvent le levier de la guerre pour étudier un aspect de la société humaine, ou de la psyché de l’homme.
Évidemment, souvent avec les auteurs plutôt doués, le fond et la forme sont intimement liés, et l’intrigue s’avère tout aussi captivant que la thématique passionnante. Ainsi, le lecteur qui souhaite simplement s’éclater avec un récit inspiré, trouvera-t-il satisfaction avec Effigy Nights.
Dernière précision, vous remarquerez que cette nouvelle est classée avec le double tag Sf et fantasy. En effet, le texte empiète « joyeusement » aussi bien d’un côté que de l’autre, et s’inscrit dans ce que l’on peut nommer la science-fantasy (j’ai tout bon, Apo ? 😉 ).
Quelques mots suffisent pour donner une idée d’un univers, et dans une nouvelle assez courte, il faut à la fois une économie de termes et du doigté pour produire un effet maximum. C’est ce que réalise l’auteur dès les premiers paragraphes de Effigy Nights, s’appuyant sur l’imaginaire collectif : ici une cité état lumineuse, là un général martial en tenue rutilante, des vaisseaux spatiaux, une force de frappe. Le côté space-opéra est mise en place et nous imaginons parfaitement à quoi cela ressemble.
Et l’aspect fantasy dans tout cela ?
C’est un des originalités de la nouvelle : la magie puise son énergie dans l’art. Toutes les formes… et vous serez surpris par la puissance de cet être vacillant et scintillant, par le charme d’une partition de musique bien plus féroce que sa douceur apparente. Cependant, je pense que le dénouement parviendra à surprendre plus d’un lecteur.
L’écriture colle parfaitement à l’ambiance; elle est suffisamment poétique pour concourir avec cette ambiance artistique, et directe pour dynamiser l’histoire. Les racines asiatiques de Yoon Ha Lee percent également à travers le récit, à l’image d’Aliette de Bodard, avec une atmosphère inspirée de ces contrées.
Et quand nous parlons de la « magie des livres« , l’auteur nous a pris au mot (moi aussi, je sais faire des jeux de mots à 2 balles), car ils sont le point cardinal de cette sombre histoire d’occupation.
Une nouvelle très belle qui traite de l’occupation et de la volonté de juguler l’art des populations soumises (ou insoumises).
Le texte est disponible gratuitement dans Clarkesworld. Le niveau d’anglais est accessible.
Ce récit est pour vous si :
- vous savourez les plumes enchanteresses
- vous aimez les mélanges de genre
- vous êtes curieux de ce que l’on peut écrire avec l’art en tant que protagoniste
je vous le déconseille si :
- Vous êtes allergiques au format court
- Vous n’aimez pas le space opera, même intelligent
Autres critiques :
Bientôt…..
Je vous encourage aussi à lire cette interview de Yoon Ha Lee qui éclaire à la fois sur la personnalité de l’auteur, et sur son travail d’écriture, que ce soit en terme de thématiques ou de de recherches.
Interview : A conversation with Yoon Ha Lee.
Je ne ferai pas l’injure de vous la traduire, je suis plutôt nulle dans cet exercice. 😉
Focus Yoon Ha Lee (en cours) :
A conversation with Yoon Ha Lee.
Textes indépendants
- Effigy Nigths
Univers Machineries Empire
Oui, oui, tout bon ^^
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Merci! 🙂
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J’avoue que je lis rarement des nouvelles, sauf quand c’est un préquel/sequel/spin off d’une série connue. Mais après tout pourquoi pas, si un jour je ne sais pas quoi lire et que je n’ai pas le temps, je la note :p
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C’est aussi pas tant que cela mon cas, mais j’aime bien prolonger l’exploration d’auteurs que j’apprécie (Watts, Le Guin,…)
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Encore une plume que je dois découvrir ! Tu donnes envie, comme d’habitude. Toujours au top le lutin !
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Ah! trop cool! Et cela se lit vite!
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[…] Effigy Nights de Yoon Ha Leee […]
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J’aime beaucoup le style d’écriture de la citation : très poétique.
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héhé! 😉
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