Le Bélial, collection UHL
Je vous propose une double dose de Chose(s)
En Antarctique, une équipe de scientifiques fit une découverte incroyable. Sous une épaisse couche de glace, un vaisseau extra-terrestre patientait depuis plusieurs million d’années. A proximité de l’épave, ils trouvèrent une créature, sans doute un occupant de l’objet spatial, et décidèrent de ramener le spécimen au camp de base.
Après un court débat sur la pertinence de dégeler l’alien immédiatement, en mentionnant les dangers potentiels, bien que très hypothétiques d’une telle entreprise, la décision est prise. Plusieurs heures sont nécessaires à l’opération, Blair, le biologiste, a expliqué combien les tissus et cellules étaient délicats. En effet, l’objectif n’est pas de décongeler un morceau de bœuf que Skinner, le cuisinier, aurait en charge de cuisiner, mais de préserver l’étincelle de vie potentielle de micro-organismes.
Une surprise de taille les attend à l’issue de cette opération, les particules microscopiques ne sont les seules à avoir survécu à une période de glaciation, la bestiole aussi!
La lecture achevée d’une traite, car il est impossible de lâcher la novella une fois la première page digérée, l’impression angoissante de ce huis-clos glacial persiste, puis laisse place peu à peu à une réflexion plus élaborée.
La courte introduction de Pierre-Paul Durastanti permet de prendre aussi du recul par rapport au texte, et de l’apprécier au-delà de ces qualités littéraires propres.
Ce qui frappe en premier, c’est la modernité de La Chose. La structure, le chapitrage étudié pour être en corrélation avec la montée en tension, les choix narratifs mais surtout la base scientifique sur laquelle repose l’enchaînement des événements sont encore d’actualité.
Le récit de John W. Campbell n’utilise aucun des artifices du début du XX° siècle qui distillaient l’angoisse grâce à leur opacité, faisant une part égale au mystère qu’à la sf. Dans la novella, les sciences sont présentes dès le début, et serviront d’ailleurs dans la résolution de notre histoire, exploitant pleinement ce concept de science-fiction. Il n’y a aucun deus ex-machina, ni lapin blanc sorti d’un chapeau. De nos jours, nous n’en attendons pas moins d’un bon récit de SF à tendance horrifique… mais en 1938!!!!
Concernant la novella en elle-même, « Who Goes There » a été adapté à de nombreuses reprises, dont une fois par Carpenter dans son célèbre film The Thing. Le texte recèle en soi les ingrédients ainsi que le canevas pour raconter une bonne histoire à vous faire froid dans le dos. Les réussites diverses, et le classement en film culte atteste des qualités du matériel de base.
Les conditions météorologiques et le paysage de l’antarctique s’avèrent de précieux alliés pour installer instiller une ambiance lugubre. Le huis-clos et la promiscuité vont décupler les tensions entre les personnages, la paranoïa prenant ses quartiers avec aise et gloutonnerie, tout autant que la chose qui rampe insidieusement dans les esprits,… et les corps. La novella est fort réussie dans les impressions qu’elle dégage, palpables, sournoises; ces interactions faites de suspicions, de stress et de frictions s’avèrent tout autant perceptibles et délétères. Le choix d’une équipe scientifique composée d’hommes rationnels et ordinaire qui se voient confrontés à l’horreur et « traqués » comme des proies participent à ‘l’immersion du lecteur, et même à une certaine identification.
Le lecteur aimant ce genre de récit se régale des sensations ressenties tout en s’interrogeant sur la résolution de l’intrigue. Comment vont-ils s’en sortir? Comment peuvent-ils s’en sortir?
La Chose possède sans doute de nos jours un petit aspect pulp, non intentionnel à l’origine; liée à la description de la créature avec sa hache en pleine tronche. Ce vernis a tendance à tempérer le côté horrifique de la trame, sans rien gâcher de la lecture toutefois.
Pour vous mettre dans l’ambiance idoine, je recommande la lecture des Montagnes Hallucinées, le manga de Gou Tanabe.
Après un court échange avec Pierre-Paul Durastanti, qui nous propose encore une fois une traduction d’une fluidité toute naturelle, il n’y a pas eu de modification au texte pour qu’il paraisse moderne. Forcément, un choix est opéré pour utiliser certains termes appartenant à notre vocabulaire actuel.
La Chose de John W. Campbell est une novella incontournable dans la collection Une Heure-Lumière. En effet, ce petit trésor de la SF est sans doute un des précurseurs de la veine horrifique moderne, tout en offrant un huis-clos fort réussi plein de tensions et de paranoïa. Nonobstant l’influence potentielle de la traduction, la novella possède en soi une intemporalité qui ne la démodera pas. A posséder, indubitablement!
Ce livre est pour vous si :
- vous aimez la SF pleine de dangers
- vous voulez découvrir un texte majeur
- Vous aimez faire de l’archéologie littéraire
je vous le déconseille si :
- Je suis humain! moi!
- Sérieux, vous envisagez de dire non?
Autres chroniques :
Orion, la galaxie de la Chose? – Apophis, origine de la Chose ? – Le Troll avide de la Chose – Aelinel –
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La Chose de John W. Campbell, incontournable
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Cette novella est à lire en duo avec un texte tout aussi fort et réussi.
Les choses de Peter Watts
La première fois que je l’ai lue (il y a un moment), une donnée importante m’échappait : Peter Watts a écrit ce petit récit en hommage à un film dont il est fan : The Thing. C’est pourquoi il le considère comme une fanfiction… cette précision est capitale, car connaissant le film, la chose prend une tournure nouvelle.
L’entité en question découvre peu à peu la nature de ses hôtes aberrants, inhospitaliers et vengeurs. L’être de cauchemar s’humanise peu à peu à nos yeux quand il devient évident que son crédo est la survie, les conséquences de son occupation temporaire et multiple s’avérant que méconnaissance.
Petit par la taille grand par la profondeur, c’est la première chose qui me vient à l’esprit. Riche de thématiques en si peu de pages : l’opposition homme – alien, esprit centralisé – intelligences composites, la faculté d’adaptation – homme cancer, survie, instinct, … Et ce qui m’a frappée c’est la grande compassion de cette créature.
Les choses est une nouvelle de très belle envergure, émouvante et bluffante. Cela commence très, très fort.
Ce texte est issu du recueil de nouvelles de Peter Watts : Au-delà du Gouffre aux éditions Le Bélial.
Pour les 2 textes, une spéciale dédicace à notre Maki.

J’avoue que je l’attends, celui-ci, j’adore le film^^
(Je ne sais pas si c’est normal, ton lien m’envoie vers le livre « au-delà du gouffre).
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pfff, cela me gon*** avec WordPress!!!
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J’ai rectifié le lien. Dès que j’en mets 2 dans un article, il y a un truc qui « saute »!! Merci de me l’avoir signalé. 🙂
Pour en revenir à La Chose. La novella reste différente du film. C’est moins gore, moins violent. Tout aussi glauque et joue davantage sur la paranoïa.
J’ai adoré le court roman, et aussi le film, mais il ne faut pas s’attendre aux mêmes impressions. Du tout.
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Depuis la mise à jour, de toute façon, wordpress est pas toujours évident… De rien^^
Je verrai bien quand je le lirai 😉 A vrai dire, j’ignorais que le film était adapté d’un livre jusqu’à ce que le Belial le ressorte^^
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Ca ne me tentait pas mais ta chronique me fait hésiter mais j’ai peur (d’avoir peur !) de ne pas aimer ce truc (cette chose !)
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Oh! tu es déchaîné! Excellent. SI la sf veine horrifique n’est pas ton truc, passe ton chemin. Il faut quand même aimer se faire peur même de petites choses.
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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J’adore les 2 versions cinématographiques,je vais me laisser tenter pour le roman originel, effectivement la nouvelle de P. Watts est sublime d’un point de vue de,la créature, je plébiscite sans retenue, si on aime ce genre bien sûr.
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La Chose devrait alors te plaire, mais ne cherche pas les mêmes impressions. C’est plus soft, jouant davantage sur les interactions.
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Ah celui-ci me tente bien !
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alors, fonce!
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Mon libraire est fermé mais je l’ajoute à ma liste ^^
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J’avais vu les deux films (les versions de 1951 et de 1982), je ne savais pas qu’ils étaient adaptés d’un livre.
Hop, dans ma PAL !
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bien, sage décision!
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J’ai vu le film l’an passé et j’ai beaucoup aimé, aimant également beaucoup les Montagnes Hallucinées et vu ce que tu dis de chouette sur la plume de l’auteur, ce titre semble fait pour moi !
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oui, si tu as aimé l’un et l’autre, il ne te faut pas hésité, surtout que pour 1938, c’est assez … hallucinant, justement!
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Le film de Carpenter reste un de mes grands souvenirs de cinéma. J’étais jeune quand je l’ai vu (peut-être trop et ça expliquerait bien des choses…). Kurt Russel est exceptionnel dans ce film tout comme la réalisation. Donc je lirai ce livre 🙂
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il faut que tu lises cette novella.
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Ah mais il me semblait bien que l’intrigue me disait quelque chose! Je le veux!
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VAS-Y!!!!
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Je l’ai lu dans son ancienne traduction, un truc comme tu dis assez pulp mais c’est marrant de voir le film et de lire cette nouvelle.
Quand au Peter Watts, j’ai adoré, surtout par son changement de point de vue.
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la watts est waouh! cette nouvella est quand même chouette, la lecture des deux, c’est délicieux.
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[…] La Chose de John W. Campbell […]
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Muf! Je passe mon tour pour le moment. Pas trop mon trip les huis clos horrifiques, même mâtinés de science
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Si ce n’est pas les intrigues et ambiances que tu aimes, tu as bien raison. 😉
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[…] D’autres avis : L’Albédo, […]
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[…] similaires ne sont pas légion avec ce cadre d’expédition glacée. Je vous recommande La Chose de John Campbell, Les Choses de Peter Watts ainsi que Terreur de Dan […]
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Lecture prévue, UHL oblige. C’est bon de savoir que c’est un texte à découvrir.
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[…] un second avis sur ce court roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Lutin, celle de […]
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[…] avis: FeydRautha, Lutin 82, […]
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[…] Albédo […]
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[…] La Chose de John W. Campbell […]
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[…] Autres critiques : Aelinel (La bibliothèque d’Aelinel) ; Apophis (Le culte d’Apophis) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Lutin82 (Albédo – Univers imaginaires) […]
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L’article donne très envie de découvrir le roman. Comme beaucoup je ne connais que les versions ciné, celle de Nyby et bien sûr celle de Carpenter.
Très bonne idée que d’accompagner avec la lecture du manga de Tanabe, remarquable adaptation de Lovecraft.
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[…] aussi les avis de Feyd-Rautha, Lutin, Célindanaé, TmbM, Nicolas, Marquise, Nomic, Aelinel, Gepe, Philémont, RoadReader, […]
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[…] parlent du livre : Aelinel, Au pays des Cave Trolls, Albédo, Apophis, L’épaule d’Orion, Culture VS News, The Cannibal Lecteur, Carolina bouquine, […]
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[…] avis : L’épaule d’Orion – Albédo – Le culte d’Apophis – Au Pays des Cave Trolls – Le post-it […]
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