Quelle lectrice, Quel lecteur ne connaît pas Fondation d’Asimov ? Ce roman, plus exactement, cette saga de science-fiction s’est inscrite peu à peu dans le panthéon de la littérature, se faisant une place à part, non seulement par l’envergure de son univers mais également en raison de la profondeur des thèmes abordés.
Le premier tome, chroniqué ici, est rédigé par Isaac Asimov entre 1942 et 1944, et fut publié dans l’illustre revue Astounding Science-Fiction en 1951. La date de rédaction et de publication mise en avant démontre que l’auteur américain fut parmi les visionnaires des décennies à venir! Certes, l’oeuvre peut accuser un âge certain et avoir perdu un peu de sa fraîcheur, nonobstant ce constat nous apprécierons la modernité de la pensée et la créativité de l’auteur.
Fondation est composé de 5 nouvelles.
Une Histoire du Futur 1
Le cycle de Fondation fait partie des illustres Histoires du Futur que les grands auteurs nous ont offert. Quelques unes ont marqué la science-fiction par leur excellence, d’autres ont sombré dans l’oubli et quelques unes ne marque qu’un temps leur temps, rattrapées par les immenses mastodontes du genre. L’exercice s’avère délicat, un numéro d’équilibriste en soi. L’avenir dépeint doit être cohérent, vraisemblable et original. « Plagier » les périodes antiques peut engendrer des histoires formidables car le passé regorge de destinées, de civilisations uniques, mais manquera en soi de personnalité, et surtout oblitérera la vision des demains, la pensée des évolutions futures, etc…
Avec en son coeur le thème de l’anacycle, la saga Fondation ne peut que se poser en référence en la matière, même si Heinlein ou encore Poul Anderson nous en ont proposé de formidables.
En effet, nous y trouvons des éléments totalement inspirés des temps antiques, nous observons que le déclin de cet empire galactique n’est pas sans rappeler la Chute de l’Empire romain. L’auteur se détache même de la notion de culture et de civilisation pour présenter une humanité à travers un prisme global, une étude initiale de l’avenir de l’homme, sans s’attacher à une quelconque spécificité ou particularité. C ‘est pour cela que la psychohistoire de Selvor trouve un écho à travers tout ce cycle.
Cette matière s’affranchissant de tout angle moralisateur, ou de jugement, devient une entité uniforme par sa globalité, ses dimensions et son inertie. Je pourrais rajouter par son entropie. En posant l’humanité non pas comme une matière inerte, mais une variable mathématique sensible à des stimuli identifiés, il donne une assise solide à sa Fondation et à ses prémices. Il s’agit ici d’un coup de génie d’Asimov, encore un, qu’il utilisera pour avancer dans les différents soubresauts et thématiques de son Histoire du Futur.
L’auteur affirme toutefois que cette fresque s’est construite de manière « ad hoc »…. Epoustouflant.
L’influence de cette oeuvre est immense, non seulement sur la littérature mais également, sur la pensée.
Arrêtons-nous ici, la saga est encore longue, et je souhaite présenter des chroniques avec un peu de substance.
Les nouvelles
Les Psychohistoriens
Hari Seldon est un génie. A la fois mathématicien, stastiticien, historien, il se fait fort d’étudier l’évolution de l’histoire et des anacycles, grâce à la psychohistoire. Il s’adjoint les services de Gaal Dornick, un mathématicien doué, peu avant son procès. En effet, ses théories sont considérées comme hérétiques et propices à mettre en péril la stabilité de l’empire. Le verdict tombe, lui et toute son équipe sont condamnés à l’exil sur une planète pauvre nommée Terminus. Ses analyses précédentes l’avaientt conforté dans cette direction, et cette conséquence faisant partie de ses plans. Officiellement, pour parer aux siècles de ténèbres et de barbaries, leur mission consiste à rassembler TOUT le savoir humain au sein de l’Encyclopédie Galactique.
Nous verrons qu’il en sera tout autre.
Cette nouvelle met en place le contexte, le personnage clef, l’environnement. Nous sentons très vite le déclin et les tensions aux plus hauts échelons du pouvoir. Fort agréable à la lecture.
Les Encyclopédistes
50 ans après la … fondation de Fondation, les systèmes autour de Terminus arrachent leur indépendance à l’Empire. La sécurité de l’institution est en cause, malgré la protection officielle de l’autorité de tutelle. Salvor Harding, le maire de Terminus, prend la direction des opérations afin d’assurer la sécurité de tous ainsi que leur propre indépendance.
Lors de l’anniversaire des 50 ans de Fondation, un hologramme de Hari Seldon apparaît révélant la véritable motivation du fondateur : être le Phare dans la nuit barbare qui s’installe.
Heureusement, Harding est un filou et il a un plan.
Un texte qui nous fait vibrer et s’émerveiller. Le suspens est à son comble alors que les tensions et les enjeux grimpent. Harding se révèle un personnage savoureux, futé et sans être parfait. Un bijou, récompensé à raison par un Hugo.
Les Maires
30 ans ont passé depuis les événements précédents, Harding ne jouit plus de son aura populaire et voit sa position de maire de Terminus sérieusement menacée par des politiciens aux dents longues, peu enclins à croire aux menaces extérieures.
Harding a maintenu leur indépendance, et une certaine prééminence, grâce à la « diffusion » de l’énergie atomique. Son coup de génie consiste à avoir habiller cette technologie de pointe des atours de la spiritualité, voire de la magie. Reposant son savoir sur une toute nouvelle religion avec ses rites et ses prélats (de Terminus), il assoit ainsi leur domination technologique.
Le monarque du royaume d’Anacréon ne l’entend pas ainsi, et envisage de mettre la Fondation au pas. C’était sans compter sur la puissance de cette nouvelle Eglise…
Encore un Hugo pour cette nouvelle toute aussi savoureuse que la précédente. Nous nous étions contentés d’observer et de découvrir Terminus jusqu’alors. Désormais, nous quittons la planète pour explorer son environnement.
Les Marchands
La Guilde des Marchands s’est établie et développée sur Terminus, grâce à la technologie avancée de la Fondation et à la religion qu’elle a répandue dans le voisinage. Ponyets se rend sur Askone pour délivrer un collègue. Il y parvient car cette technologie de pointe exerce une fascination sacrilège sur les habitants, toute position sociale confondue… Le chantage peut se révéler efficient.
Nouveau prix Hugo pour cette nouvelle, qui reste à mon sens un peu en deçà des autres.
Les Princes Marchands
Nous sommes 155 ans après la Fondation. Mallow, un Marchand qui présente la particularité de ne pas être né sur Terminus, est envoyé sur la planète Korell pour enquêter sur la disparition de vaisseaux de la Fondation dans ce secteur.
Prix Hugo. Une nouvelle flamboyante, percutante avec un protagoniste tout en ambiguïté et pas forcément sympathique. La religion diffusée par la Fondation est devenue une source de rejet et un boulet diplomatique. Qu’à cela ne tienne! Changeons de paradigme!
Et la série alors ?
J’ai regardé la série juste après avoir lu le roman.
J’avoue une certaine perplexité associée à un sentiment de trahison. Ce que proposait l’immense Asimov n’était sans doute pas à la hauteur des aspirations des producteurs de la série télévisée. Aussi, ont-ils jugé bon de réécrire Fondation avec leur propre prisme.
Quelques films ou séries récentes (Dune, La Roue du Temps) ont prouvé qu’il était possible d’adjoindre à ces adaptations une touche militante – et « contemporaine » (utilisé à défaut de terme plus adapaté qui me vienne à l’esprit) – sans trahir l’oeuvre originale. Dans la série, c’est une purge. Les empereurs sont tellement caricaturaux que nous pourrions nous imaginer dans une adaptation produite par Mel Brooks. Le bâtiment hébergeant l’hologramme de Hari Selvor devient une sorte d’OVNI menaçant la survie de tout être l’approchant, contrairement à l’idée du roman…. Les personnages sont bien trop jeunes par rapport au roman, et perdent leur impact, leur saveur originale,… les thèmes sont oubliés pour coller à l’actualité, ….
Un point qui m’échappe complétement : pourquoi manquer de respect à une oeuvre aussi importante, pourquoi modifier autant l’ensemble, alors qu’il suffirait à ces producteurs de créer leur propre produit, une série de SF sur une histoire de l’humanité originale ?
Cela serait moins vendeur, sans doute ?… Nous n’en sommes pas à une hypocrisie près.
Et cela compte pour le challenge :

Même sentiment de trahison vis à vis de la série, qui ne respectent même pas les règles fondatrice de l’univers d’Asimov. En revanche, si on ne pense pas au texte d’origine, j’ai bien aimé le concept des Cléon mais c’est bien tout.
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Ah, je suis vraiment rassurée, j’ai été si déçue par cette adaptation. Une trahison XXL pour moi.
Oui, Cléon est le seul point positif.
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J’avais aussi un peu l’impression d’être la seule à pas aimer autour de moi xD
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je ne sais pas dans la série mais je me sens obligé de corriger le fait que dans le livre, le personnage est Hari Seldon, pas Selvor 😉
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Oui, effectivement! Merci, cela m’arrive fréquemment avec les noms.
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je savais même pas qu’il y avait eu une série (toujours à la masse celle là XD).
En tout cas, il faut que lise cette saga ! Mais j’oublie tout le temps mdr.
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Il faut la lire, oui, elle se lit facilement, est très accessible et passionnante.
Tu ne loupes rien avec la série.
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Je suis en plein dans le tome 4 !
Pas vu la série, mais ce n’est pas la première fois que j’entends qu’elle n’a rien à voir avec le roman.
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Tu ne perds rien à ne pas la voir. La série a vidé Fondation de sa substance…
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Oups! Je n’ai jamais lu Fondation.
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Ben, voilà. Faut s’y mettre. ET puis, il y a un challenge en cours…
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Aux côtés de Dune, ça fait partie de ces monuments qui me font peur, mais qu’on me recommande chaleureusement. Je vois que la série est à bannir et la version originelle à très vite se procurer !
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Tu as résumé en quelques mots mon point de vue sur Fondation!
Il est intimidant, mais une fois entamer, il ne mord pas!
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Tu me donnes très envie de (re)lire Fondation dans l’ordre chronologique (parce que j’en ai lu un peu dans le désordre à l’adolescence…) 🙂
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Le lire dans l’ordre chronologique me permet d’avoir une « vraie » découverte des événements, j’apprécie d’être dans l’incertitude quant à l’avenir de Fondation.
lance-toi!
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J’ai toujours eu beaucoup de mal à dépasser l’austérité chez Asimov mais c’est indéniablement une oeuvre majeure. Je te rejoins parfaitement sur la stupidité de la série qui adapte n’importe comment Fondation… à croire que seul le titre a été conservé!
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Seul le titre et quelques noms ont été conservé, ensuite, véritable trahison…
SOn austérité ne m’a jamais dérangée, j’apprécie beaucoup de style du moment que je voyage.
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[…] Fondation de Asimov […]
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