HSN
Coup de Coeur – Albédo Award 2022!
Célestopol 1922 est le quatrième titre d‘Emmanuel Chastellière auquel je me frotte. Les trois premiers furent des coups de cœur ( L’Empire du Léopard, La Piste des Cendres et Célestopol), les plaçant dans mes modestes Albédo Awards régulièrement. Inutile d’insister sur le fait que mes attentes étaient plutôt élevées, même très élevées car j’avais été particulièrement séduite par l’univers steampunk présenté dans Célestopol.
A l’issue de ma plongée au sein de la ville lunaire, j’ai été particulièrement surprise par la finesse d’Emmanuel Chastellière. Nous retrouvons les canaux et l’ambiance unique de cette cité sélénite dirigée par la main de fer de mon cher Duc Nikolaï (que l’on ne voit pas assez à mon goût), et nous en approfondissons l’exploration, allant d’émerveillements en surprises, sachant que l’auteur nous offre des excursions hors de la Lune!
Cette uchronie aux saveurs rétrofuturistes présente aux nouveaux lecteurs une ville sise sur notre satellite naturel, influencée par l’Empire Russe des Tsars, alimentée pas des systèmes technologiques d’inspiration steampunk. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le tome antérieur pour apprécier Célestopol 1922 car, le recueil de nouvelles forme un ensemble cohérent, indépendant tout en restant lié à son aîné, et proposant des textes qui peu à peu précisent la Cité, les enjeux et les personnages. Certes, le premier contact avec l’univers apporte une familiarité qui tient autant à l’affection développée pour Célestopol et quelques figures récurrentes, néanmoins, rien d’important n’échappera au primo visiteur!
Les anciens lecteurs pourront être surpris par la tonalité de ce recueil. L’ambiance originelle demeure présente, et s’exfiltre à travers les pages pour nous embarquer dans ce paysage tout particulier, en cela, Emmanuel ne nous trahit pas. De plus, il réussit à la fois à renforcer cette atmosphère, mais également à communiquer à cette cité une âme indépendante du seul Duc, lui conférant un statut de personnage à part entière. Les protagonistes brossés nouvelles après nouvelles s’avèrent tout autant appréciables que lors du premier opus. Dans ces registres nulle surprise, juste une confirmation des talents et de la plume de l’auteur.
toutefois, je mentionnais que la tonalité pourrait surprendre. En effet, l’intimité, la douceur (souvent douce-amère)ainsi que l’émotion qui se sont dégagées lors de mes lectures sont remarquables. La justesse d’écriture communique, ici, la douleur d’un père sans verser le moins du monde dans le pathétique, là, la difficulté de s’assumer pleinement sans auto-apitoiement, parfois, les bourgeons d’une amitié, ou encore les cruels dilemmes moraux, personnels et professionnels, ….
L’impression qui s’impose au fil des différentes lectures, outre cet équilibre parfait entre le récit et les émotions, est l’atteinte d’une maturité qui parvient à allier de bonnes histoires avec des personnages qui nous paraissent réels, à qui nous pouvons nous attacher tout autant que nous identifier.
Initialement, ma chronique devait s’articuler autour de chacune des nouvelles présentées dans le recueil. Or l’unité de ton, la qualité de chacune d’entre elles, le fil rouge qui s’en dégage m’ont poussée à modifier mon intention première car, il s’agit d’un « tout », il s’agit même de Célestopol plutôt que de tranches de vie se déroulant dans cette cité lunaire. Finalement, tout y est élégant, chapeau à Emmanuel Chastellière!
Il y a quelques nouvelles qui m’ont vraiment séduite :
- Une Nuit à l’Opéra Romanova car nous y retrouvons Arnrùn et Wojtek aux prises avec un « Houdini », nous les avions aussi vu dans la nouevlle d’ouverture Toungouska, qui possède un goût de 007. Les deux sont excellentes et jouent sur les principes de l’enquête avec une touche de thriller.
- Memento Mori est magnifique de pudeur et d’émotion avec ce père qui élève ses deux filles.
- La fille de l’hiver est peut-être le texte central du roman, et affine les liens avec l’Empire Russe. Un nouvelle remuante.
- La malédiction du pharaon, avec nul autre qu’ Howard Carter célèbre pour sa découverte de la tombe de Toutankhamon. Cette dernière possède une saveur particulière car j’anime la campagne des Masques de Nyarlathotep où l’Égypte occupe une place clef…
Enfin, il y a ma préférée : Sur la Glace.
Célestopol accueille en cette année 1922 une compétition internationale, les Championnats du Monde de Patinage Artistique. Parmi les concurrents, un athlète hors du commun se démarque, Victor Balagov. Il y est dépêché par l’Impératrice Russe elle-même, pour briller -ou pas – une dernière fois. Le Duc Nikolaï ne pouvant recevoir individuellement tous les compétiteurs, les délégations et les conjoints, il missionne Ajax, son automate pour s’occuper personnellement de Victor et de son épouse.
Sa participation aux Championnats du Monde s’avère un événement de premier plan tant ses sorties se font rares, et qu’il apparaît Sur la Glace comme l’apothéose de la grâce, de la beauté et du summum technique (à l’image d’un Roger Federer sur les courts de tennis ).
Très vite, nous nous rendons compte que la situation de Victor cache des enjeux extra-sportifs, il dégage de sa personne une mélancolie inhabituelle, même pour un champion sur le point de tirer sa révérence. Les raisons ce cet état d’esprit revêt une part de mystère qui intrigue notre être mécanique, doté de traits très humains…. et qu’il découvre. Lever le voile tient donc à la fois de la patience et d’un poil de pertinence, ainsi, s’agit-il d’une brève enquête psychologique.
Ajax accompagne Victor partout où celui-ci le souhaite, et la requête de ce dernier dénouera le fil de l’intrigue dans une succession de passages qui disputent l’émotion, alliée une touche de tragique à l’élégance.
Cette nouvelle joue sur plusieurs registres (social, histoire personnelle, suspens,…) et fait appel à notre empathie, notre réflexion ainsi qu’à notre imagination. En effet, il vous appartient d’en écrire la fin, de tirer les conclusions qui s’imposent en fonction de votre sensibilité et de vos dispositions d’esprit. La relirai-je un jour durant lequel ma mélancolie serait importante, je n’imaginerais pas le dénouement de cette première lecture.
Nous noterons la brève « apparition » d’un dénommé Lénine…
Vous aurez saisi qu’il s’agit d’un gros coup de coeur lors de ma lecture de Célestopol 1922 d’Emmanuel Chastelliére, aussi, tenais-je à la mettre en lumière. Les circonstances du week-end lui donne un cadre magnifique après la prestation de haut vol du duo français de patinage artistique Papadakis et Cizeron aux JO de Pékin!
Pour conclure : L’émotion, le dépaysement, l’aventure et l’action sont au rendez-vous pour vous en faire vivre de toutes les couleurs. La plume démontre une très belle maîtrise, la pudeur et la finesse procure un sentiment d’intimité que vous n’oublierez pas. A LIRE!
Cette trilogie est pour vous si :
- Vous adorez les textes associant sentiments et suspens
- vous aimez la justesse dans l’émotion
- vous cherchez des formats courts de qualité
En revanche, déconseillé si vous :
- les nobles au bûcher!
- Et puis quoi encore ? On va pas décrocher la Lune!! (si,si)
- Vous ne parvenez pas à faire le tri entre la fiction et la réalité
Autres critiques :
Un petit coup de pouce pour votre lutin adoré :
Envie de soutenir le blog ? Vous pouvez le faire en passant par le lien en dessous (pas de frais supplémentaire!). Ceci m’aide à financer l’hébergement du site sans publicité et à organiser des concours avec des romans à offrir.
J’espère pouvoir retourner à Célestopol un jour tellement cette cité sur la lune est magique. Ravie que tu aies autant aimer 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’espère aussi car c’est vraiment tr!s chouette!!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci ! 🙂
J’aimeJ’aime
[…] Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce recueil, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de Célinedanaë, celle de Gromovar, du Nocher des livres, de Boudicca, de Yuyine, de Dup, d’Aelinel, du Chien Critique, des Fantasy d’Amanda, de Symphonie, de Sometimes a book, de Zoe prend la plume, de Pativore, de Lutin, […]
J’aimeJ’aime
Je te rejoins sur la nouvelle Sur la glace, c’est incontestablement celle qui me reste le plus en mémoire.
J’aimeAimé par 1 personne
Elle est vraiment belle et touchante.
J’aimeAimé par 1 personne
[…] Aldoblog […]
J’aimeJ’aime
Oh, je suis très contente que tu l’aies autant apprécié, les nouvelles que tu cites trouvent un écho en moi, et merci d’avoir linké mon billet 🙂
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup pour cette chronique !
J’aimeAimé par 1 personne
[…] – Stéphanie Chaptal – Zoé prend la plume – Apophis – PatiVore – Albédo […]
J’aimeJ’aime
Ah, et il arrive chez Folio SF en mai. 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Tu devrais lire la nouvelle paru l’année dernière, elle te plaira aussi normalement
J’aimeJ’aime
Merci ! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne