La guerre de Caliban – James SA Corey

La Guerre de Caliban de James SA Corey

The Expanse, tome 2

Acte Sud

 

La Guerre de Caliban est la suite directe de L’ éveil du Léviathan du cycle The Expanse, des auteurs : Daniel Abraham et Tyler Franck sous le pseudonyme James SA Corey. La fin du premier tome voyait la proto-molécule extra-terrestre prendre possession de Vénus, la destruction de la station Eros, ainsi que la survie de l’humanité et de l’équipage du Rocinante. Nous retrouvons nos protagonistes un an plus tard. La situation a depuis lors un peu changée : la proto-molécule est toujours sur Vénus, modifiant complétement la planète, les tensions entre les différentes factions du système solaire sont assez vives et Holden et sa bande sont au « service » de l’APE de Johnson.

J’ai lu le volume introductif dès sa sortie. J’avais été déçue, sans doute avais-je  des attentes à la hauteur des éloges que recevait le roman outre-Atlantique (sur Io9). Le côté horrifique auquel je ne m’attendais pas ainsi que l’absence d’une intrigue politique d’envergure avaient considérablement adouci ma flamme !

Par conséquent, il m’a fallu un bon moment avant d’entreprendre la lecture de La guerre de Caliban, avec bien sûr beaucoup moins d’attentes!

L’être humain s’est projeté dans l’espace, mais uniquement dans le système solaire. La technologie n’est pas suffisamment avancée et le corps humain présente trop de limites pour des voyages plus ambitieux. Associé à ces deux facteurs de poids, le système macro-économique dépeint par Corey est crédible avec des interdépendances fortes entre les stations, Mars et la Terre (bien que celle-ci soit globalement épargnée).  Aussi, n’est-ce guère étonnant de découvrir des tensions liées à ces enjeux économiques cruciaux et ces dépendances technologiques vitales (l’air se paie) ou surprenant d’avoir de puissantes multinationales  qui tentent d’infléchir les décisions gouvernementales.

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Par ailleurs, nous avons cette mystérieuse entité extra-terrestre aux motivations ambivalentes : cherche-t-elle à détruire l’humanité ?…à s’installer dans le système solaire ?… à communiquer (ah!ah!ah!)?

Enfin, la proto-molécule traîne toujours…  Nous avons dans ce cycle tout un univers bien pensé, construit avec rigueur et connaissance de la nature humaine.

Il y a du potentiel, beaucoup de potentiel, et des similitudes avec GoT, la célèbre œuvre à laquelle The Expanse est comparé. Daniel Abraham est un des assistants de GGR Martin!

Cette parenté avec cet illustre aîné est visible dans ce deuxième tome. Les manœuvres politiques sont bien au rendez-vous, suffisamment bien voilées pour titiller notre imagination et nous faire chercher d’où viennent les coups. Ces intrigues associées à la guerre froide entre Mars et la Terre, aux éléments macro-économiques et  aux différentes tensions en font un roman plus complexe et plus abouti que le premier tome. L’univers de The Expanse  se densifie pour notre plus grand bonheur.

Dans L’éveil du Léviathan, la trame du récit se déroulait autour de deux axes : la station Eros et l’équipage du Rocinante. C’était plus que limite vu l’ambition affichée pour un lecteur un peu exigeant. Dans La Guerre de Caliban, les ramifications sont plus étendues. Le sort d’Holden and Co. sont toujours au cœur des enjeux et la station Ganimède est désormais le théâtre des opérations de notre équipe de choc (en lieu et place d’Eros).  S’ajoutent à ces deux trames, la guerre entre Mars et la Terre sur le point de s’embraser, l’évolution de Vénus et les jeux politiques des Nations Unies… Enfin du riche, du lourd et de l’ambition!

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Cependant, toutes les promesses ne sont pas tenues. L’APE est très en retrait de manière assez inattendue, les motivations de certains protagonistes sont totalement floues ou alors très binaires. Ensuite, le lecteur qui lirait les deux romans à la suite aurait une forte impression de copier/coller avec l’utilisation de la proto-molécule sur une station et l’équipage du Rocinante à la rescousse d’une jeune fille. Enfin, quelques personnages sont trop stéréotypés, à la limite de la caricature.

Initialement William Holden m’agaçait avec son comportement boy-scout et très naïf, comportement peu cohérent avec son poste de second, puis de capitaine (et dans mon esprit, il ressemble à l’acteur homonyme et non à la description faite…) . Dans La guerre de Caliban, il a gagné en maturité, en réflexion, en ambiguïté, bref en épaisseur ( j’aime l’expression anglaise pour décrire les personnages : layers).  Amos est toujours aussi intéressant et source d’humour. Naomi a la tête sur les épaules, les neurones et le sang froid adéquat pour mener son monde officieusement.

Nous faisons la connaissance de deux nouveaux personnages : Bobbie, marines de Mars et Christjen, sous-secrétaire des Nations Unies. Si la première est bien trop conforme au stéréotype, la seconde est sans doute le protagoniste le mieux écrit et le plus intéressant du lot, toute en  nuances et  en ruse.

Globalement, La guerre de Caliban est meilleur que le premier tome. Les auteurs ont complexifié avec bonheur les points de vues, les interactions et les tensions, et  soigné l’écriture des protagonistes principaux. C’est un space opera ambitieux et réussi qui ménage de bons moments de lecture et de frissons!

Je vous conseille la lecture de la critique d’Apophis sur L’éveil du Léviathan, le tome 1 de The Expanse, et de regarder la série TV sur Syfy tirée du cycle.

Petite note :

Les références utilisées par James Corey : Le Rocinante, la monture de Don Quichote illustre assez bien la personnalité de Holden. Le Léviathan, le monstre des profondeurs ou bien le Lévianthan de Hobbes, le monstre politique…

Autres critiques :

Le Culte d’ApophisLorhkanHerbefolUn papillon ds la lune

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13 réflexions sur “La guerre de Caliban – James SA Corey

  1. J’aime bien ce space-opera limité au système solaire (ce qui lui donne un côté un peu plus « réaliste », façon de parler bien sûr… ^^). Ça se lit tout seul, et j’ai hâte de voir arriver le troisième volume, histoire d’en finir (ou pas…) avec cette histoire de proto-molécule !

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