Les neiges de l’éternel – Claire Krust

Les Neiges de l’éternel de Claire Krust

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Les neiges de l’éternel est un recueil de 5 nouvelles liées entre elles, premier roman de Claire Krust. C’est une précision nécessaire, car une légère confusion est possible à la lecture de la présentation de ce livre. La magnifique couverture nous donne quelques indications concernant l’ambiance, une fantasy éthérée dans un « Japon médiéval ».  Serons-nous rattrapés par les frimas de l’hiver ?…

L’atmosphère japonisante est bien au rendez-vous, la période n’est pas précisée mais tout nous indique une époque médiévale avec des villages et des domaines isolés. L’auteur joue habilement de l’image véhiculée par l’île asiatique dominée par le géant blanc. En cela les récits sont réussis, surtout en imaginant la présence l’éternel Mont Fuji coiffé de sa calotte de neige.

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L’auteur enrichit d’ailleurs ses textes de nombreux marqueurs propre à cette culture : l’art de la calligraphie, l’architecture caractéristique, le système féodal, Shogun et Daimyos… malgré quelques petits points qui m’ont fait tiqué, telle la courtisane dans la première nouvelle vêtue d’un riche awase et d’un obi… Geisha? courtisane? prostituée? dans une auberge de passage?… Incapable de bien la situer, ce genre de petits détails sont un poil gênants pour mon immersion totale.

Cette atmosphère feutrée est plus aboutie que l’aspect fantasy qui reste un peu en retrait. Nous avons effectivement un ectoplasme qui se faufile dans 3 des textes, les autres relèvent difficilement du genre. Si l’éditeur nous promet une fantasy japonisante, j’attends une fantasy japonisante. Restant sur ma faim concernant l’aspect littérature de l’imaginaire, mes attentes relatives à l’ambiance et aux détails nippons sont d’autant plus accentuées.

L’intrigue principale est assez simple et n’est guère épaulée par un rythme posé. Le roman jouant la carte de l’ambiance, les nouvelles pourraient parfaitement jongler sur des récits charmeurs et envoûtants. C’est là que le bat blesse, les textes sont bien trop dans le sentiment et la compassion, alors que le potentiel est bien présent (cela m’a fait râler). La première nouvelle en est l’exemple parfait.

Le drame se profile dans une puissante famille, le jeune héritier est souffrant et sa vie est en jeu. Sa mère est désespérée et impuissante à soulager son fils. Sa fille, une jeune adolescente assiste le cœur lourd à cette effusion de désespoir, renforcé par la menace de répudiation de sa mère…  par extension d’elle-même. Tel fonctionne le Japon médiéval. A ce moment, je suis assez enthousiaste car j’espère que l’auteur développera cette nouvelle autour de cette menace, approfondissant son exploration de la culture.

Puis, le jeune fille s’enfuit. Veut-elle fuir cette fatalité ? Le chagrin la pousse-t-elle? Va-t-elle rejoindre son père ou un proche très cher vers les montagnes les plus hautes ?…

Dans un village, elle découvre le monde au-delà des frontières du domaine familial, les jongleurs l’émerveillent mais très vite elle se reprend en main et met fin instantanément aux différentes sources d’étonnement, et de distraction. Notre jeune fille est en mission et le temps presse. Nouvelle petite déception, nous ne voyons pas son pays à travers son regard, mais l’auteur nous emmène-il peut-être  à mieux…

//Quelques légers spoilers sur la première nouvelle//

Direction une auberge pour la nuit.

Elle se débrouille comme un chef jusqu’au petit matin. Là, petite chose, elle s’oppose à l’aubergiste qui file une correction à la geisha/courtisane/prostituée. Comme l’intervention de la brindille l’agace, il lui pique son cheval!!!???!!! L’adolescente se retrouve à pince, alors la courtisane/prostituée/geisha lui suggère de voyager aux côtés de commerçants car l’aubergiste ne veut pas lui rendre son équidé (visiblement pas moyen de faire connaître ni sa situation, ni son nom, ni de contacter des samouraïs – les policiers de l’époque). En fait, la demoiselle est partie à la recherche d’un grand guérisseur qui vit bien entendu dans les montagnes les plus hautes (et sa famille n’a visiblement pas pensé à le contacter auparavant ..).

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L’adolescente parvient aux montagnes les plus hautes et rencontre un jeune homme. Celui-ci l’averti que depuis 2 ans le grand guérisseur ne fait plus office de guérisseur (la fatigue morale) et que personne n’a pu le convaincre depuis, même pas lui, son fils. Aucune supplique, aucun pleur, aucune menace, aucun discours. Rien, ni personne. Mais, comme elle a fait un grand chemin elle peut rester pour la nuit. Et là, miracle, l’inspiration la frappe. Oui, la demoiselle en détresse trouve les mots pour le guérisseur en détresse qui voulait juste un peu de compréhension… Elle repart avec le remède miracle  -mais sans son cheval.

//Fin de la partie avec spoilers//

Bon, c’est un peu trop convenu et attendu pour moi. Zéro surprise, aucun suspens, il aurait fallu un cadre et une ambiance plus envoûtante pour me convaincre, je suis donc passée à côté.

Malgré  tout, pour un premier roman j’ai trouvé qu’il y avait un bon potentiel et des éléments séduisants qui toucheront un public moins difficile que ma pomme.  Les lecteurs plus sensibles seront indubitablement touchés par la poésie dégagée par l’ambiance, le flou volontairement distillé par l’auteur.

Autres critiques :

Boudicca (le Bibliocosme)XapurLorhkan Blog-O-livreNevertwhereAu pays des cave-trolls

Challenges :

Défi 2016 : # 59 avec le mot « neige »

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Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition

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Le livre :
53530Couverture : JungShan CHANG
Parution : août 2015

Nombre de pages : 344
ISBN : 978-2-917689-92-9

29 réflexions sur “Les neiges de l’éternel – Claire Krust

    • C’est bien la seule fois où j’en dis trop. LOL
      Mais, ce n’est que le début, cela ne raconte pas l’histoire…. Perso, je n’ai pas accroché, mais je suis certaine qu’il plaira à d’autres.

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      • Comme je ne me souviens plus du résumé (si ce n’est vaguement le contexte), et que je ne souhaite pas plus que ça m’en souvenir afin de le découvrir le plus possible, dès que j’ai vu que tu commençais à raconter (ou résumer, je ne sais pas), je suis allée de paragraphe en paragraphe. C’est rare que je le fasse, mais comme je vais le lire très prochainement, j’ai fait une exception. Une fois que je l’aurais lu, je reviendrai lire ta chronique en entier. J’espère qu’il me plaira !

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  1. Bonjour, j’ai moi aussi choisi ce livre pour la catégorie 59 de mon défi, après avoir rencontré l’auteur aux Imaginales d’Epinal au mois de mai, et je voulais juste apporter une précision concernant le nom de l’auteur : il s’agit de Claire KRUST 😉

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  2. En fantasy asiatique française je te conseille Porcelaine d’Estelle Faye, il est magnifique avec la couverture des Moutons ! Celui-ci je l’avais noté à la sortie, toujours pas lu, on verra bien 🙂

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  3. Lu pendant les fêtes, j’ai passé un moment agréable, mais ne pense pas en garder un souvenir mémorable ! J’ai préféré la saga « Le clan des Otori » de Lian Hearn dans le genre japon féodal imaginaire 😉

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