Croisière sans escale – Brian Aldiss

Un voyage semé d’embuches.

Denoël

Ce roman est devenu un classique de la science-fiction. Écrit en 1956, il peut dérouter le lecteur qui s’attend à un space opéra typique de cet âge d’or, fait d’aventures, de grands espaces et de fun. Effectivement, la surprise est de taille avec l’histoire de Roy Complain et de ses compagnons vivant au sein d’une tribu digne des gaulois ou autres villages antiques. Nous faisons la connaissance avec un peuple rude et féroce, sans grande empathie ou compassion, avec un chef auto-proclamé, une survie basée sur l’agriculture et la chasse, des gardiens qui veillent à la sécurité du village ainsi qu’un guide spirituel aux préceptes qui laissent pantois.

Parallèlement, ils utilisent des « éblouisseurs » et sont installés dans des cabines, autour de coursives au sein d’un vaisseau spatial….

Dès lors les questions du pourquoi et du comment se posent.

Les réponses viendront peu à peu alors que notre prêtre, Marraper accompagné de 5 compagnons s’échappent de la tribu Greene pour explorer l’Avant. Ce personnage est assez phénoménal, à la limite de l’antipathie tant sa philosophie est choquante, individualiste, brutale, méprisant la vie et flattant les bas instincts humains. Tout le contraire d’un Complain, bien plus indépendant et proche de nos perceptions des affaires courantes de la vie.

Ainsi, leur « voyage » vers l’avant du vaisseau sera semé d’embuches et de rencontres avec des géants, des hors-venus, d’autres tribus, et de nombreux dangers…. D’ailleurs, le sort ne leur fera pas de cadeau avec la mort de compagnons, la capture au mauvais moment, ou  la déception,…

Initialement surprise par le contexte de ce space opéra, il m’a fallu quelques dizaines de pages pour y voir plus clair. La plume méticuleuse de l’auteur construit savamment son propos et ne lève que peu à peu le voile entourant son mystère initial pour délivrer un final somptueux.

Les révélations sur le vaisseau, le destin de ces hommes et femmes permet d’entretenir le suspens et l’intérêt. Il faut dire que cette philosophie/religion ne peut que nous frapper, tant les préceptes sont fous, mais finalement le propos n’est pas si anodin… Je ne peux en dire guère davantage car les ressorts du texte s’appuient sur la découverte de l’histoire de cette humanité autre et à l’opposé de ce que nous promet le futur. Comment ont-ils pu évoluer à rebours ?….

Ecrit en 1956, la traduction date un peu (mon exemplaire remonte aux années 60), mais le propos reste pertinent, et le cheminement captivant. J’ai adoré le décalage entre l’environnement et le comportement des compagnons. Le roman conserve une force remarquable et une dimension spéculative que l’on n’attend pas forcément d’un space opera de l’âge d’Or. Je vous incite vivement à vous penchez sur cet auteur « oublié ».

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12 réflexions sur “Croisière sans escale – Brian Aldiss

  1. C’est vraiment un roman ou il ne faut pas dévoiler la fin, car elle fait vraiment une grosse partie de son intérêt =)
    D’ailleurs l’auteur lui même avait demandé aux lecteurs qui en discutaient entre eux de ne jamais la dévoiler pour ne pas gâcher le livre, c’était le spoiler avant l’heure 😛

    J’avais vraiment bien aimé ma lecture à l’époque, mais il faut dire que ça date d’il y a plus de 15 ans. Malgré le temps passé je me souviens comme si c’était hier des coursives, de la végétation des personnages et de leur quête, et ça fait plaisir ^^

    Un livre surprenant en effet si on s’attend à du space opéra 😛 (même si le contexte initial en est quand même)

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    • Je suis entièrement d’accord avec toi. Il faut en dire le moins possible sur ce livre, vraiment peu car tout doit être découvert pour savourer et apprécier la révélation finale. Il avait bien raison Aldiss de demander que rien ne soit dévoilé.

      Je crois que ce livre reste marquant, et je le garderai en mémoire. Très surprenant, beaucoup de profondeur également. 🙂

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  2. J’adore ressusciter une antiquité datant de l’âge d’Or, de temps en temps, pour compter ses rides ! J’ai eu de très bonnes surprises par le passé, et d’autres moins bonnes, évidemment ^_^
    Je note que celle-ci est déjà dans ma bibli, et que je vais devoir penser à la décryogéniser 😉 Merci !

    Aimé par 1 personne

    • Je ne connais pas Le monde Vert, après la lecture de la Croisière je ne pense pas que tu puisses être déçu. L’auteur sait écrire!! Et c’est de la SF de qualité.
      Je ne peux vraiment pas en dire beaucoup à moins de raconter aussi le début qui est en quatrième de couverture, c’est un roman qui demande à être découvert, à se dévoiler tel les compagnons cheminant vers l’Avant. Il est court avec 250 pages.

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