Agent de l’Empire terrien (2005)- Poul Anderson

Agent de l’Empire terrien de Poul Anderson

Dominic Flandry

L’Atalante

Il y a quelque temps j’avais critiqué le même Agent de l’Empire terrien, mais dans la version OPTA de 1970. C’est sans conteste la premier fois que je lis le même livre à 6 mois d’intervalle. Ce ne sont pas exactement les mêmes, la version de l’Atalante nous offre une nouvelle traduction et surtout inclus 2 novellas de plus de 100 pages.

Dotée de cette nouvelle traduction et 40 ans d’écart, nous pouvons nous demander si cela influence la perception entre les deux exemplaires…

La réponse est un oui incontestable. A vous de juger, dès la deuxième phrase nous avons des versions différentes :

OPTA : « Dans le même instant, il perçut un vrombissement particulier.... »

L’ATALANTE: « Au même instant, il perçut... »

Et cela n’est qu’un petit exemple, car les deux textes présentent ce genre de divergences mineures régulièrement (toutes les pages).  La Version ATALANTE est plus dynamique, et donne un texte un peu plus moderne, même s’il l’on n’échappe pas à quelques anachronismes (stéréofilm, par exemple) qui conserve le côté kitch au récit.

Or, les divergences de traduction ne se limitent pas qu’à ce genre de modifications rendant le texte plus nerveux et plus actuel. Nous avons des interprétations différentes du texte en VO , pour n’en citer qu’une dès la deuxième page :

OPTA : « Il n’en était qu’au stade où il mettait lentement sur pied la complexe structure de connaissances demi-mondaines qui le mènerait un jour à ce qu’il cherchait. »

ATALANTE : « Il n’en était qu’au stade où il mettait lentement sur pied le réseau complexe de relations demi-mondaines qui le mènerait un jour à ce qu’il cherchait« 

Cela ne change pas radicalement le sens, mais c’est nettement plus précis et en adéquation avec le personnage. Cet exemple n’est pas singulier, et ces divergences sont légion. A la fin du recueil, le poids de la traduction altère non seulement l’ambiance mais aussi la perception du lecteur. J’ai beaucoup aimé ma première lecture de l’Agent de l’empire terrien version OPTA, outre la découverte de l’agent de charme, elle était délicieusement kitch et surannée. Si vous connaissez Star Trek, TOS avec ses décors très colorés et en carton-pâte, c’est exactement cela qui me vient à l’esprit.

La version de l’Atalante semble plus dynamique, les récits de changent pas ( sauf l’ajout deux novellas denses et captivantes), mais la perception est sensiblement différente. L’impression de kitch reste présente, et si je devais comparer à Star Trek TOS, les couleurs seraient moins vives, plus nuancées et surtout nous aurions un cadrage plus sérré.

Au sommaire, un changement loin d’être anodin avec deux novellas de plus de 100 pages. Elle densifient l’univers et donnent à l’ensemble du corps et un background solide à l’Empire terrien de Poul Anderson. De plus, le spleen de Flandry à l’approche de la Longue Nuit est beaucoup plus tangible.

Recueil de 7 nouvelles et novellas  :
  • 
Le Tigre par la queue

Flandry se retrouve prisonnier d’un groupe assez agressif qui vise la chute de L’Empire terrien. La capture était vraiment facile, et si notre agent avait trouvé un bon moyen de s’infiltrer chez l’ennemi?

Sympathique, et qui a le mérite de s’interroger sur la notion d’honneur, et sur les valeurs positives d’une société occidentale
.

  • Honorables ennemis

C’est la première rencontre entre Flandry et sa Némésis : Aycharaych, un télépathe. C’est aussi un adversaire de belle envergure, peut-être plus doué que Dominic.

Flandry en mauvaise posture face à Aycharaych, mais l’issue est surprenante. Bien que réflexion faite, Aycharaych n’aurait pas le mauvais goût de profiter d’un adversaire en situation de faiblesse.

Une nouvelle qui serait commune et sans beaucoup d’intérêt si ce n’est la rencontre avec le Chériote qui relève le récit et surtout qui est un personnage incontournable de la saga Flandry.

  •  Pour la Gloire

Flandry se rend au-delà des Marches de Spica pour enquêter sur le meurtre du gouverneur et découvre un complot visant à soustraire la planète de l’influence de l’Empire. Une alliance avec les Mersiens serait désastreuse et précipiterait la fin de l’Empire terrien. C’est presque le hasard qui permet à Flandry de s’y opposer, seul contre une multitude sur ce monde aquatique.

Encore une démonstration des talents de l’auteur pour créer des mondes exotiques et cohérents. C’est aussi une des rares fois ou Flandry ne fait preuve d’aucune compassions pour les colons de la planète en pleine rupture avec l’Empire et pour quelles motivations !

  • Les chasseurs de la caverne du ciel

C’est la première des novellas d’une bonne centaine de pages. Flandry est envoyé en mission par l’Amirauté. Aycharaych est dans le système solaire, ce qui est de bien mauvaise augure pour l’Empire terrien ave un ennemi aussi redoutable.

Cette novella très bien rythmée est un petit délice avec d’une part un récit agréable, des situations rocambolesques et d’autre part des dialogues savoureux. A Lire.

  • 
Message secret :

Flandry se rend sur une planète de L’Empire, mais n’est pas le bienvenu. «Invité» à long terme, il fait preuve d’astuce et d’intelligence pour retomber une fois encore sur ses pieds.

Une nouvelle un peu redondante dans sa construction et qui fait un fort écho avec la première du recueil, 
Le Tigre par la queue. Cependant, les ennemis sont avertis au sujet de l’agent galactique, et du coup les manipulations exigent beaucoup de subtilité. La chute est créative.

  • Le Fléau des maîtres

Flandry engage un combat contre Aycharaych, un allié des Merséens qui possède le don de télépathie. C’est un combat mortel qui s’engage entre eux avec pour enjeu le sort de l’Empire terrien.

Cette deuxième novella est tout autant captivante que la première. La nostaglie de Flandry plus présente également et son questionnement par rapport à son Empire plus critique.  Ici aussi, le talent exotique et créatif de Poul Anderson vaut le détour.

  • Les guerriers de nulle part

Nouvelle dont la chronologie est difficile à déterminer. Dispensable.

Mes amis lecteurs auront bien compris ma préférence pour la version de L’Atalante, qui rend davantage hommage au personnage et l’univers de Poul Anderson. La traduction a un poids important dans cette appréciation, et l’ajout de deux novellas majeures participent grandement à la qualité dégagée par l’ensemble. Certes, une à une les nouvelles paraissent légères (dont une insipide même), mais l’ensemble est plus profond et plus nostalgique que le côté pulp laisse imaginer.

Autres critiques :
Challenge :

Summer Star Wars – Épisode VII

ssw-7

6 réflexions sur “Agent de l’Empire terrien (2005)- Poul Anderson

  1. D’après les exemples que tu donnes, la traduction de l’Atalante a en effet l’air à la fois meilleure et plus fluide que celle d’OPTA.
    En tout cas, ton article me donne envie de me mettre à cette série, ce qui, comme tu le sais, signifie l’insérer dans le programme de… 2018 😀

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    • ET ce sont les exemples des 2 premières pages…
      La série est très sympa, très pulp, mais c’est l’ensemble qui est intéressant de la Hanse Galactique à Flandry.
      Je te recommanderai de lire la Hanse Galactique (si c’est ton intention) dans son ensemble et d’entreprendre la fin de cette histoire du futur en suivant. Il te faudra donc décaler à au-delà de 2018 le temps que les tomes suivants sortent.
      Tu avais aimé Poul Anderson avec le Prince marchand, c’est du même tonneau.

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  2. Bonjour, en fait il n’y a pas de textes de plus, juste un rafraichissement de la traduction; en terme de contenu, la version de l’Atalante est équivalente à la version Opta de 1970 (CLA). Dans la version Opta Galax Bis, c’est juste que pour tenir au format poche, le contenu a été découpé en deux tomes : Agent de l’empire terrien (galaxie bis 55) et La Caverne du ciel (galaxie bis 57), tous deux en 1977. Bonne continuation !

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