La Voie des Rois, Tome 2 – Brandon Sanderson

La Voie des Rois, Tome 2 de Brandon Sanderson

Les archives de Roshar

 

La Voie des Rois, tome 2 des Archives de Roshar conserve beaucoup de potentiel et d’ambition. Les idées, le background ainsi que les personnages sont élaborés avec un grand soin et beaucoup de patience. La saga promet une envergure certaine depuis le  volume initial.

Le lecteur a pris connaissance des premiers jalons de cet univers dans la voie des rois, tome 1.  Ce monde relativement aride subit des tempêtes d’une extra-ordinaire puissance qui ne sont pas sans rappeler La Horde du contrevent de Damasio.  Une différence de taille sépare les deux romans : la puissance électro-magique qui permet de recharger les gemmes de puissance dans le roman de Brandon Sanderson.

Ces terres ont façonné peuples et contrées à grands coups de serpes. Le langage, les coutumes, la psychologie ont été abreuvés par ces tempêtes et la minéralité subséquente : les roches, les animaux, les plantes, les expressions et la dureté des peuples ont tous un lien minéral. Même les monstres de légendes sont des élémentaires de la terre, les néantifères. Cet univers est donc riche de découvertes et d’inventivité, cohérent et captivant.

La société hiérarchisée et féodale voue un quasi-culte aux gemmes, qui à leurs yeux méritent tout les stratagèmes. Dans une quête éperdue et aveugle de puissance, ils livrent une guerre sans merci mais vaine à des ennemis insaisissables, déterminés et âpres. Ce sont des peuples à l’image de leurs terres : arides et secs.

Toutefois, quelques personnages sortent du lot, autant par leur subtilité que par leur rôle  ou leur sensibilité. Avec en tête le prince Dalinar aux prises avec ses propres démons, au bord d’une douce folie qui menace sa crédibilité et son autorité. Sanderson ne l’a sans doute pas assez utilisé alors que c’est le personnage le plus attachant et pour lequel j’ai vibré et me suis angoissée.

Kaladin recèle quant à lui  une part de mystère qui permet de maintenir l’intérêt du lecteur. C’est le meneur d’hommes dans toute sa splendeur : charismatique, courageux et faillible. Les flashbacks assez redondants lui amènent la fêlure nécessaire à la crédibilité d’un tel personnage et évite de peu les stéréotypes.  Loin d’être le anti-héro, il garde une fragilité assez sympathique.

Enfin, nous continuons à suivre la jeune et paradoxale Shallan, dont les mystères sont très entretenus par l’auteur américain – sans doute trop à mon avis. Je n’avais pas énormément apprécié les passages concernant ce personnage dans le premier tome: creux et longs. Le mystère l’entourant semble encore un peu trop artificiel pour que j’y prenne vraiment goût. La personnalité de la jeune femme est surprenante parfois naïve et empruntée, elle est quelques chapitres plus loin inspirée et géniale, digne d’une maîtresse-femme. Ces changements relèvent quasiment de la psychanalyse, tant elle paraît bipolaire. Il manque certains paliers pour passer d’un état à l’autre. Ou bien, la magie présente dans ce roman possède les mêmes capacités que la physique des particules de notre monde réel, notamment les conséquences de l’excitation d’un atome. Je me demande finalement où se situe l’état fondamental de la jeune Shallan…

La trame est intéressante (sauf la plupart des flashbacks qui sont inutiles), le lecteur comprend rapidement que le destin de ces différents protagonistes sont liés. Nous suivons tour à tour chacun d’eux (et d’autres moins importants ou plus mystérieux, nous le verrons par la suite)  en attendant la croisée des chemins. L’écriture est fluide et la lecture aisée,  aucune difficulté particulière dans ces alternances de protagonistes.

En revanche, que c’est long!….. Certes, la plume de Sanderson est agréable et imagée, mais que c’est long! Nous en sommes à 1200 pages de mise en place de l’univers et nous comprenons tout juste les enjeux. Il est vrai que la longueur et la redondance sont les péchés mignons de l’américain (que j’apprécie par ailleurs), mais ici cela devient pénible. Il y a facilement 200 pages de trop dans chaque volume « volumineux ».

Je me demande si l’objectif de cette saga n’est pas d’aller chercher un record plutôt que de nous raconter une histoire savoureuse et ambitieuse. Peut-être que Sanderson souhaite dépasser Artamène ou la Grand Cyrus ?

Vous l’aurez compris, il y a du bon dans La voie des rois tome 2 mais bien trop de longueurs pour en faire une œuvre remarquable. Tout cela ne m’empêchera pas de lire la suite World of Radiance.

Tome 1

Autres critiques :
Challenges :
Le livre :

 The way of kings

650 pages

Traduction Mélanie Fazi

6 réflexions sur “La Voie des Rois, Tome 2 – Brandon Sanderson

  1. Où trouves-tu ces images qui non seulement sont magnifiques mais toujours très pertinentes avec l’ambiance ou le thème du livre ?
    Mes félicitations les plus vampiriques pour la qualité de ton site!

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  2. […] A l’instar de ses autres romans, il s’agit d’un récit de fantasy où la magie n’est pas forcément flamboyante, bruyante ou spectaculaire, même s’il elle permet d’acquérir des « dons » peu communs, tels que la régénération, une vitesse élevée, la maîtrise de l’espace… Cette magie, ou plus exactement ces magies, se manifestent par touche (les gemmes et les orages), par l’intermédiaire de glyphes – que Sanderson semble apprécier particulièrement – ou avec des artefacts, centraux dans ce cycle. En effet, dans la mythologie de Roshar, des êtres fabuleux possédaient des armures et des armes les rendant presque invincibles, bien que les redoutables néantifères soient des adversaires mortels. Le hic : ils ont déserté, abandonnant ces différents artefacts… désormais à la portée de tous. Nous suivons alternativement les 3 protagonistes principaux : Kaladin, Shallan et Dalinar dans des trames différentes qui sont, dans ce tome, indépendantes les unes des autres. Chacune des trames « personnage » est accompagnée de flashbacks visant à donner de l’épaisseur à ces derniers et/ou à charpenter cet univers. Leur destin va les amener à se croiser, voire se lier, c’est une certitude avec une telle construction. Je n’ai pas trouvé les flashbacks forcément nécessaires, parfois un peu redondants ou même inutiles. Rien n’est difficile à suivre, la plume de Sanderson alliée à ses talents de conteur est suffisamment agile pour éviter l’écueil, mais pour moi cela alourdi le récit de manière artificielle. La lecture est fluide, facile, et les 600 pages se dévorent sans effort. Concernant les personnages, Sanderson  a choisi de mettre Kaladin en lumière. C’est un Héros; il est droit, courageux, généreux et charismatique, il est béni des Dieux. C’est un combattant à la tête d’une escouade de lanciers, fier et… dégradé, humilié et vendu comme esclave. L’auteur réussit à éviter d’en faire un personnage stéréotypé, sans trop de relief. Son désarroi sauve la mise sur ce coup, et les flashbacks le concernant, bien que souvent superflus sont intéressants. Ils lui donnent une épaisseur supplémentaire et éclairent la suite d’engrenages l’ayant mené à la déchéance. Quant à Shallan, le personnage féminin, il est à la limite de l’inodore et du sans saveur. Quelques chapitres nerveux et incisifs à la fin du  présent tome auraient amplement suffi pour introduire cette jeune apprentie désespérée. Le prince Dalinar est le plus savoureux des trois. C’est à la fois un guerrier valeureux et sage, mais aussi un être avec quelques doutes, des regrets, et qui peu à peu glisse vers une obsession impossible à combattre. Il y a peu de flashbacks le concernant, et du coup cela dynamise les parties du récit qui lui sont consacrées. Toutes ces remarques sont loin de rendre la lecture de ce pavé rédhibitoire, en effet, les talents de conteur de Brandon Sanderson, son savoir-faire dans la mise en place d’univers attrayants et intrigants, son habileté dans l’élaboration des différentes magies compensent largement les quelques faiblesses que j’ai ressenties. Divertissant. Tome 2 […]

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