Le Serpent – Claire North

La Maison des Jeux, tome 1

Le Bélial – UHL

Venise, 1610.
Au cœur de la Sérénissime, cité-monde la plus peuplée d’Europe, puissance honnie par le pape Paul V, il est un établissement mystérieux connu sous le nom de Maison des Jeux. Palais accueillant des joueurs de tous horizons, il se divise en deux cercles, Basse et Haute Loge. Dans le premier, les fortunes se font et se défont autour de tables de jeux divers et parfois improbables. Rarement, très rarement, certains joueurs aux talents hors normes sont invités à franchir les portes dorées de la Haute Loge. Les enjeux de ce lieu secret sont tout autre : pouvoir et politique à l’échelle des États, souvenirs, dons et capacités, années de vie… Tout le monde n’est pas digne de concourir dans la Haute Loge. Mais pour Thene, jeune femme bafouée par un mari aigri et falot ayant englouti sa fortune, il n’y a aucune alternative. D’autant que l’horizon qui s’offre à elle ne connaît pas de limite. Pour peu qu’elle gagne. Et qu’elle n’oublie pas que plus élevés sont les enjeux, plus dangereuses sont les règles…

Généralement, je n’apprécie pas que l’auteur brise le quatrième mur et nous convie dans l’aventure contée, en tant que témoin ou confident. Ces interpellations tendent à me mettre à l’écart du récit, à me crisper en tant que lectrice, Contraire à ce que je recherche dans la lecture : une immersion dans l’univers dépeint, un suivi des personnages et de l’empathie ou au contraire des sentiments peu charitables envers les protagonistes. Me dicter quand je « dois » intervenir, quand je « dois  » être témoin – m’interdisant artificiellement les autres moments que ceux choisis par les écrivains provoque une artificialité qui ne me convient pas.

Généralement.

Il existe des exceptions, des romans dans lesquels ce procédé fonctionne à la perfection et qui m’embarque.

Le Serpent en fait partie. Pourtant, ce n’était pas acquis. Les premières invitations m’ont initialement ennuyée, pourquoi m’inclure dans le quotidienne et l’intimité de cette jeune femme, Thene, surtout au XVII° siècle ? Cela n’avait pas de sens. Cette dernière avait perdu sa mère, son oncle arrangeait son mariage avec un inconnu, malgré la peine manifeste de son père. Forcément, cela tournerait mal car nous sommes dans la collection UHL du Bélial et non pas dans la collection Harlequin de J’ai Lu (et puis ce serait d’un ennui fatal si la novella ne devait décrire que la rencontre entre deux personnes qui vont se découvrir âmes sœurs…). Bref, Lors des premières pages, seule l’inanité du procédé me sautait aux yeux qui faisaient alors des aller/retour entre le plafond et le livre. Nonobstant mon déplaisir initial, je continuais ma lecture car le roman est court et c’est un UHL!

Puis, le jeune femme s’est mise à jouer dans une Maison de Jeux, je me suis retrouvée à l’observer entre deux interstices, à l’ajour d’une porte, au détour d’un angle de rue. Je me suis sentie conspiratrice, participante dans un jeu aux enjeux qui me dépassaient et qui me dépassent, sentant l’étau du danger se refermant, sur Théne mais également sur moi. Et, j’ai achevé ma lecture d’un traite, au petit matin, avec une immense satisfaction, et ayant noué une complicité dont seule moi avait conscience – avec cette jeune femme éprise de liberté et passionnée d’un jeu dont le plateau est notre monde… ou plusieurs, car n’oublions pas, c’est un court roman de Fantasy, ou de SF, je trancherai à l’issue de la trilogie.

En effet, le mystère de cette Maison des Jeux reste entier, et le plateau me paraît multi-dimensionnel.

Pour conclure :

Le Serpent de Claire North vous fera perdre le nord grâce au mystère dans lequel baigne La Maison des Jeux. Cette magnifique lecture est une des toutes meilleures de la collection, en équilibrant à la perfection le suspens, une intrigue captivante et une pointe de secret. Nous sentons un danger indéfinissable planer non seulement au-dessus de notre protagoniste dont il n’est pas difficile de s’éprendre, mais aussi au-dessus de notre tête. En clair, une réussite magistrale.

Ce livre est pour vous si :

  • vous aimez les formats courts
  • vous recherchez une intrigue halletante
  • Une immersion réussie

Je vous le déconseille si :

  • Le 4° mur brisé provoque un véto de principe
  • vous n’aimez pas qu’un roman navigue entre les genres
  • Vous vous êtes fait interdire d’entrée dans tous les casinos de France

Autres critiques :

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Le Serpent de Claire North

Encore une réussite aussi pour Aurélien Police dont la couverture reflète à merveille le roman, et chapeau à Michel Pagel pour la qualité de la traduction que l’on ne voit pas.

24 réflexions sur “Le Serpent – Claire North

    • Oui, pour moi aussi, et j’espère que cela se sent dans mon billet.
      Ah! la percée du 4° mur, effectivement, généralement je n’apprécie pas, l’auteur brise mon intimité avec le livre, et essaie en quelque sorte de guider mon ressenti – même si c’est le cas de tout auteur dans tous les romans qu’ils écrivent.

      J’aime

    • Au moins, ils ont été repéré une fois, mes jeux de mot à la noix!
      Une vraie réussite, un rafraîchissement, j’ai lu la suite d’une traite aussi… ce qui écourte mes nuits, mais j’ai de looongues journées avec l’interdiction de porter quoique ce soit de plus de 1kg, et comme consigne uniquement du repos! c’est mon mari qui est content LOL !!!
      Bref, j’attends le tome 3 de pied ferme!

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